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 Provocation antireligieuse : Les libertés sur la balance

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Kenji
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Kenji


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MessageSujet: Provocation antireligieuse : Les libertés sur la balance   Provocation antireligieuse : Les libertés sur la balance Icon_minitimeJeu 4 Sep - 21:22

Tyrol, Italie

Une sculpture représentant une grenouille crucifiée soulève l'indignation en Italie. Le musée d'art moderne d'une paisible ville du Tyrol italien accueille l'œuvre d'un artiste qui exprimerait ainsi son mal-être.

Le ministre de la Culture, Sandro Bondi, vient de prendre position : « Non seulement cette oeuvre blesse le sentiment religieux de nombreuses personnes qui voient dans la croix le symbole de l'amour de Dieu, mais elle offense aussi le bon sens et la sensibilité de ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce symbole. »

L'affaire mérite-t-elle un battage médiatique au lieu d'être oubliée sans la moindre forme de procès ? Il semble après tout qu'il ne s'agisse que d'une provocation isolée. De plus, l'objet du délit ne pèse que quelques centaines de grammes pourrait-on dire. Finalement, ne pourrait-on dire que le ministre a d'autres sujets plus importants à considérer ? Le reproche pourrait même lui être fait de se comporter en censeur chrétien, pendant des islamistes. Rien ne serait plus faux que tout cela.

Pour aller plus loin...

D'un côté, il y a le sentiment religieux et la liberté d'expression de sa foi d'un autre côté, il y a la liberté de ne pas croire - liberté affirmée par le christianisme qui rend l'homme responsable de ses actes. L'Etat laïque ne peut reconnaître davantage de force à l'une qu'à l'autre, car il ne tranche pas sur la vérité métaphysique. En revanche, il peut premièrement, accorder plus de crédit aux valeurs promues par une conception du monde que par une autre, d'autant plus quand, historiquement, une nation tire ses racines de cette pensée. Tout en respectant les libertés de ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette pensée. Deuxièmement, il peut décider de restreindre les libertés de ceux qui provoquent le sentiment religieux des autres. Le motif de cette faculté n'est pas la défense d'une religion, mais celle de l'ordre public.

Cette sculpture est exposée dans une région à 99% catholique. Faut-il y voir un acte d'inconscience ou de provocation ? Il est difficile de sonder les âmes, mais on sait que certaines œuvres artistiques ont pour but de choquer les croyants. Dans tous les cas, cette exposition n'est pas une preuve de tact de la part du musée. C'est là que le gouvernement est autorisé à se prononcer sans qu'on ne puisse sérieusement le taxer de favoritisme entre deux conceptions, ce indépendamment des convictions personnelles du ministre qui est catholique : le trouble créé est de nature à blesser des croyants sans que cela n'apporte rien. Un gouvernement peut prévenir les atteintes à la foi d'autrui, même simplement artistiques, quand elles risquent de provoquer un tel émoi que l'ordre public en serait troublé. De tels cas ont déjà trouvé jurisprudence au niveau européen et en France :

En 1994, la Cour européenne des droits de l'homme a donné raison à l'Etat autrichien dans l'affaire qui l'opposait à l'Otto-Preminger-Institut. Ce dernier présentait un film tiré d'une pièce de théâtre à scandale, « Le concile d'amour » qui donne une version relue des dogmes catholiques : Dieu le père, Jésus et Marie passent un pacte avec le diable pour punir les hommes, en échange de quoi la liberté de pensée serait reconnue aux êtres humains corrigés. Le diable se sert d'une belle femme pour transmettre la syphilis aux hommes, mais une fois son travail accompli, les trois commanditaires ne respectent pas leur parole. Si la loi autrichienne a permis de censurer ce film en 1986, c'était en raison de l'interdiction du blasphème(1). La Cour européenne s'est prononcée en faveur de l'Etat(2) : quand la liberté d'expression se concrétise par une œuvre susceptible de heurter ce que les croyants ont de plus fondamental dans leur foi, l'Etat peut la restreindre. L'argumentation et la simple provocation artistique qui vise à blesser, ne peuvent être posées sur le même plan.

La justice administrative française aurait choisi d'appliquer ce principe. Alors qu'une Cour d'appel avait infirmé un jugement interdisant l'exposition de l'album INRI de la photographe Bettina Rheims, représentant le Christ en femme crucifiée aux seins nus, dans une autre affaire, un autre Cour d'appel administrative a choisi de confirmer l'interdiction d'une publicité détournant la Cène de De Vinci. La Cour de cassation a cassé l'arrêt, mais parce qu'elle estimait qu'il n'y avait pas injure envers les chrétiens et donc pas de « trouble manifestement illicite »(3). Ce que signifierait cet arrêt, c'est que la plus haute juridiction civile française accepterait de tenir compte du sentiment des croyants s'il y avait une offense telle que la communauté des chrétiens serait troublée. Nous préférons employer le conditionnel, car si c'est bien cela que signifie a contrario, cet arrêt. En revanche la Cour pourrait se montrer très exigeante pour admettre l'existence d'une provocation et d'un trouble.

Un tribunal correctionnel qui se prononçait sur les faits a, dans une affaire de caricature de Mahomet opposant des associations musulmanes au journal Charlie Hebdo, appliqué cette jurisprudence de la Cour de cassation. Dans son jugement, le tribunal a reconnu l'importance de la liberté de caricaturer, dont l'exercice a « une fonction parodique » mais il affirme également que « Le droit à la critique et à l'humour [n'est] cependant pas dépourvu de limites. » L'hebdomadaire n'a pas été condamné, car il s'agit d'« un journal satirique contenant de nombreuses caricatures que nul n'est obligé d'acheter ou de lire, à la différence d'autres supports [...] exposés sur la voie publique. »

Dans l'affaire de la grenouille crucifiée, une telle position transposée en Italie reviendrait à une autorisation puisque personne n'est obligé d'aller voir l'œuvre. La position française semble s'accorder avec la jurisprudence européenne. Une éventuelle condamnation du musée par la justice italienne pourrait se voir contredite par la Cour européenne.

Mais que la provocation ne soit pas très manifeste selon le juge ne peut laisser oublier que les contempteurs du christianisme agissent parfois par petites touches peut-être artistiques, mais souvent haineuses. Si les chrétiens se doivent de respecter la liberté d'expression des autres, le Christ refusant d'imposer la foi en Lui, ils ont cependant le droit de réagir pour signaler les « petites » provocations qui sous leurs airs bénins, peuvent cacher des métastases culturelles malines.

Nous mentionnions le procès entre Charlie Hebdo et des associations islamiques. Le parallèle pourrait être fait entre les chrétiens qui se plaignent des provocations dites artistiques à leur croyance et les musulmans, mais il serait trop facile et réducteur. Les médias aiment à parler de fondamentalistes ou d'intégristes sans discerner et en mettant dans le même sac les « activistes » ou terroristes et les fidèles chrétiens qui manifestent leur mécontentement. Or si les chrétiens engagent des actions en justice pour se défendre, les islamistes n'hésitent pas à assassiner quand ils se sentent provoqués. En témoigne le meurtre d'une sœur dans un hôpital de Mogadiscio durant une campagne de violences dans divers pays musulmans, après la prétendue controverse de Ratisbonne où Benoît XVI aurait soi-disant insulté les musulmans. Pour prouver que les accusations de violences faites par l'empereur byzantin Manuel II Paléologue à l'encontre de Mahomet(4) étaient fausses, certains n'ont pas hésité à commettre un meurtre comme après l'affaire des caricatures du prophète musulman au Danemark.

De ce côté comme de celui des artistes provocateurs, c'est assez souvent le même refus - toutes proportions gardées - de la liberté d'expression qui se dégage alors qu'ils prétendent la défendre.


Source : http://www.cpdh.info/npds/accueil.php
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