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 Anna Göldi, la Sorcière bien aimée de Suisse

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Kenji
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Kenji


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Anna Göldi, la Sorcière bien aimée de Suisse Empty
MessageSujet: Anna Göldi, la Sorcière bien aimée de Suisse   Anna Göldi, la Sorcière bien aimée de Suisse Icon_minitimeVen 5 Sep - 19:11

Glaris

Deux cent vingt-six ans après sa décapitation et l'enfouissement de ses restes au pied de l'échafaud, Anna Göldi, une Suissesse, vient d'acquérir le titre de "première" sorcière réhabilitée en Europe par un Parlement. Elle est vraisemblablement la dernière victime des procès en sorcellerie, qui connurent leur apogée au XVIIe siècle.

Mercredi 27 août, les députés du Parlement du canton de Glaris ont décidé à l'unanimité que cette servante exécutée en 1782, à l'âge de 48 ans, pour avoir empoisonné au moyen d'aiguilles magiques la fille de son patron, était innocente. En juin, les responsables des églises protestante et catholique ainsi que le gouvernement cantonal qui, dans un premier temps, s'y étaient opposés, avaient donné leur accord pour réparer cette "erreur manifeste". "C'est l'annulation d'une sanction incompréhensible et injuste et la reconnaissance d'une justice inique prononcée par une instance illégale", écrivait alors l'exécutif glaronnais, employant le terme de "meurtre judiciaire".

La réhabilitation est complète et le canton a débloqué une enveloppe de 74 320 euros pour l'organisation d'un spectacle sur la vie d'Anna Göldi, qui peut ainsi poursuivre sa carrière d'héroïne. Car, en Suisse alémanique, le destin tragique de cette belle femme, née en 1734 à Sennwald (canton de Saint-Gall) dans une famille pauvre, est déjà largement connu. Plusieurs recherches historiques, deux romans, un film et surtout une récente enquête parue à Zurich - 20 000 exemplaires vendus - lui ont été consacrés. La "dernière sorcière d'Europe" a aussi sa fondation et son petit musée, ouvert en 2007 dans le village de Mollis, près de Glaris, où elle vécut.

Pourquoi un tel engouement ? "L'histoire d'Anna, c'est un mélange de mysticisme, de suspense, de sexe et de crime. Et, en plus, l'action se déroule dans les hautes sphères de la société", résume Walter Hauser, le journaliste alémanique auteur du livre- enquête - Der Justizmord an Anna Göldi ("Anna Göldi, la justice assassinée") - qui a joué un rôle majeur dans la réhabilitation.

En 1780, après une existence misérable dans un presbytère du canton de Saint-Gall et quelques années au service d'un premier patron à Mollis, Anna est engagée dans la famille d'un prestigieux médecin et juge de Glaris. Johann Jakob Tschudi a un peu plus de 30 ans, une femme et cinq enfants et, comme le suggèrent plusieurs documents, il ne tardera pas à entretenir une liaison avec sa domestique. Un an plus tard, le vent tourne brutalement pour Anna Göldi.

Selon le récit fait plus tard au procès, des aiguilles sont à plusieurs reprises trouvées dans le bol de lait d'Annemiggeli, la seconde fille de la famille, âgée de 8 ans. Anna Göldi, qui fait office de gouvernante, est soupçonnée, puis finalement renvoyée.

Quelque temps après, la fillette tombe gravement malade, prise de violentes convulsions, d'une fièvre inexpliquée, d'accès de délire et de toux. La jeune Annemiggeli se met à vomir, presque chaque jour, des aiguilles dans des glaires mêlées de sang. Une centaine en tout. Certaines crises la laissent sourde et muette. Les muscles de sa jambe gauche, selon le procès-verbal du médecin, sont "tétanisés et quasiment transformés en plumes de fer" et son pied paralysé. Le décor d'un procès en sorcellerie est planté.

Un mandat d'arrêt est lancé contre Anna. Le 25 janvier 1782, dans le quotidien NZZ, la police promet 100 couronnes pour la capture de celle qui a commis "l'acte incroyable d'apporter une quantité d'épingles et autres choses par des moyens secrets et presque incompréhensibles contre une enfant innocente de huit ans". Anna est alors décrite comme ayant "environ 40 ans, stature large et grande, à l'allure épanouie et rougeaude, des cheveux et des sourcils noirs, avec des yeux gris un peu malsains".

Un mois après, elle est arrêtée et jetée en prison. Les époux Tschudi exigent d'abord qu'elle guérisse leur fille. Après quelques rencontres avec Annemiggeli, cette dernière retrouve comme par miracle l'usage de sa jambe. Le doute n'est plus permis : Anna est bien dotée de pouvoirs magiques.

Le conseil de l'église protestante glaronnaise, pourtant compétent sur les seules affaires de la sphère privée, est chargé de la procédure. Commencent de longues séances d'interrogatoires et de torture. Anna Göldi finira par avouer avoir agi sur injonction du diable, qui lui est apparu dans la cuisine et lui a remis des graines jaunes et blanches qu'elle a ensuite introduites dans un biscuit donné à l'enfant.

Le 13 juin 1782, elle est condamnée à mort pour empoisonnement puis décapitée sur la place publique.

A Glaris, le procès d'Anna la "sorcière" fait alors grand bruit. Les esprits éclairés s'offusquent de voir resurgir des pratiques d'un autre temps. Mais, soumis à la censure, les journaux suisses restent muets, alors que l'affaire passionne la presse allemande. Après l'exécution de la servante, deux journalistes allemands se rendent sur place pour enquêter. Leurs récits, publiés l'un en 1782, l'autre en 1783, font le tour de l'Europe. S'appuyant sur des "documents confidentiels" - tirés des actes du procès, qui s'est déroulé à huis clos -, ils démontrent que la justice a été biaisée et les aveux d'Anna Göldi extorqués sous la torture.

C'est en se fondant sur les archives de ses deux prédécesseurs germaniques que Walter Hauser, le journaliste suisse, a pu apporter de nouveaux éléments. Suffisamment convaincants pour que le canton de Glaris se décide à blanchir la sorcière. En 2006, M. Hauser retrouve en Allemagne le carnet de voyage d'un des deux reporters, Heinrich Ludewig Lehmann, rédigé lors d'un premier séjour à Glaris. Il y découvre le nom de la source qui, à l'époque, a fourni les fameux documents secrets. Il s'agit de Johann Melchior Kubli, greffier durant le procès, esprit libéral et adversaire de la peine de mort. "Sans le courage de cet homme, la vérité sur le procès biaisé n'aurait peut-être jamais été connue et la réhabilitation d'Anna n'aurait pas eu lieu", estime Walter Hauser - qui précise qu'au XXIe siècle il a aussi fallu surmonter certaines résistances. En 2007, le gouvernement cantonal avait jugé "douteux" d'endosser la responsabilité d'une "erreur judiciaire" commise en 1782. Il estimait suffisant de continuer à encourager la recherche sur le cas Göldi. De son côté, le conseil cantonal de l'Eglise réformée de Glaris expliquait que si la "chasse aux sorcières" était condamnable, il était préférable de se concentrer sur les exigences actuelles de l'Eglise. Mais, devant l'acharnement du Parlement, ces deux instances ont cédé.

Quant aux raisons pour lesquelles Anna Göldi fut si facilement accusée de magie noire à la fin du XVIIIe siècle et conduite à la mort, elles apparaissent, comme toujours, terriblement prosaïques. Walter Hauser a retrouvé la trace - mais non le contenu - d'une plainte pour harcèlement sexuel déposée en décembre 1781 par Anna Göldi contre son employeur. Voilà qui aurait pu ruiner la réputation du bon docteur Tschudi qui, vraisemblablement, s'empressa d'allumer un contre-feu.

Martine Ostorero, historienne médiéviste, Vous êtes co-organisatrice d'un colloque international sur "les chasses aux sorcières et la démonologie", qui se tiendra le 1er octobre à l'université de Lausanne. Que pensez-vous de la réhabilitation d'Anna Göldi ?

Cet acte a surtout valeur de symbole. Le cas Anna Göldi est emblématique de toutes les personnes condamnées pour sorcellerie en Suisse et en Europe. C'est la dernière victime connue en Europe, puisque dans certains pays la chasse aux sorcières avait disparu depuis plus d'un siècle.

Déjà à l'époque, cet anachronisme avait marqué les esprits et suscité de nombreuses critiques. Nous étions en 1782, en pleine Europe des Lumières ! La réhabilitation d'Anna Göldi est aussi un acte de mémoire et une manière d'encourager à poursuivre la recherche. Il y a encore beaucoup d'archives à dépouiller et à analyser pour comprendre le phénomène.

Sait-on combien de personnes ont été brûlées ou exécutées lors de procès en sorcellerie ?

Les chasses aux sorcières ont commencé à partir de 1430, et le gros de la répression s'est déroulé en Europe, de 1560 à 1630. Il y aurait eu entre 30 000 et 60 000 victimes brûlées, pour environ le double de procès. Mais il faut rester très prudent sur les chiffres. Les sources sont lacunaires. Beaucoup d'actes de procès ont disparu.

Certains registres d'exécution ou documents comptables n'existent plus. De plus, beaucoup de victimes restent dans l'ombre. J'ai travaillé sur des procès qui se sont déroulés au XVe siècle : à travers le procès-verbal d'une seule affaire, on apprend que d'autres personnes ont été poursuivies pour sorcellerie et que, parmi elles, certaines ont ensuite été exécutées.

Quels pays ont été les plus touchés ?

Il y a d'abord l'Allemagne, avec environ 25 000 victimes. Puis viennent la Lorraine et le Luxembourg, et surtout la Suisse qui, avec quelque 3 500 exécutions, arrive largement en tête par rapport au nombre d'habitants. Son taux d'exécution est phénoménal.

Dans le seul pays de Vaud, un petit territoire, on recense 1 700 mises à mort, avec des pics de 25 bûchers par an ! De récentes recherches ont aussi révélé que les premières chasses aux sorcières se sont déroulées dans l'espace alpin occidental, qui englobe la Savoie, Vaud, le Valais, le val d'Aoste et le Tessin.

Y a-t-il eu d'autres réhabilitations de sorcières ?

A ma connaissance, le cas d'Anna, deux cent vingt-six ans après les faits, est une première et assez typique de la tendance actuelle au repentir. Mais, au cours de l'histoire, il y a eu des réhabilitations.

En 1491, dans la ville d'Arras, lors d'une grande cérémonie, toutes les personnes exécutées trente ans auparavant pour sorcellerie ont été innocentées. Tous les actes des procès ont alors été brûlés sur la place publique.


Source : http://www.lemonde.fr/
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