Ouganda
En Ouganda, les communautés catholiques et anglicanes, majoritaires dans le pays, voient de plus en plus de leurs fidèles rejoindre les églises du Christ, de courant charismatique, ou les pentecôtistes, fer de lance de la doctrine de la régénération baptismale appelée "born again".
On en compte aujourd’hui plus 3 000 sur l’ensemble du territoire ougandais. A Kampala, la capitale, 20 % des chrétiens se déclarent évangéliques, contre 5 % il y a dix ans.
Grégoire Ozan, Jocelyn Grange et Gabriel Kahn, correspondants de FRANCE 24, ont suivi trois prêcheurs qui représentent divers visages de ce courant.
Le "sorcier", son église et ses démons
Certains ecclésiastiques, comme le pasteur Kakende, mêlent des pratiques de sorcellerie à leurs rites. Dans son église, des jeunes filles en transe hurlent et se tordent par terre. Le prêcheur les débarrasse de leurs démons, avec force, cris et gestes spectaculaires.
A tous ces fidèles venus guérir les maux du quotidien, tels le stress, la maladie ou la pauvreté, Kakende promet une solution grâce à ses pouvoirs divins. Non sans demander une contrepartie financière.
Le "born again" classique
Martin Ssempa, qui se présente comme un évangélique classique, dénonce les prêcheurs comme Kakende. Pour lui, ce ne sont "que des sorciers qui font du business".
Le pasteur Ssempa, qui dirige l’Eglise de la rédemption du Christ, est un "born again" pour qui la récente rencontre avec Dieu a été révélatrice. Dans son Église, certes, la magie noire et le miracle payant n’ont pas droit de cité, mais les séances d’exorcisme sont monnaie courante.
Selon Angelo Izima, journaliste au Daily Monitor, le désespoir des populations rurales qui arrivent démunies en ville, explique en partie la progression du phénomène. "Ils prêchent que l’on peut devenir riche demain", dénonce ce pourfendeur de la "religion de l’opportunisme".
Le télévangéliste superstar
C’est en effet le discours que tient Robert Kayenga, le plus célèbre des évangélistes ougandais. Celui qu’on surnomme le "pasteur superstar" prêche à la manière des télévangélistes américains.
Dans le Centre des miracles, sa cathédrale située à Kampala où 10 000 fidèles se pressent chaque semaine, il affirme que l’Église a tort de prôner la pauvreté comme une vertu. Pour lui, argent et richesse matérielle sont des bénédictions divines.
Robert Kayenga, aujourd’hui à la tête de 1 300 églises en Ouganda, 200 en Tanzanie et d’une centaine au Rwanda, explique que c’est le Christ qui l’a mené à la prospérité. L’expansion se poursuit grâce aux donations.
Robert Kayenga attire dans ses Églises les plus puissants du pays : il compte parmi ses plus fervents fidèles la première dame et son mari, le président Yoweri Museveni. Dans le sillage du chef de l’Etat, un tiers des députés et une dizaine de ministres se déclarent évangélistes.
Aujourd’hui en Ouganda, on prie en début de conseil des ministres et à l’ouverture des sessions parlementaires.
Source : france24.com